Présentation

Photo de Frédérique Galey-Jacob

« C’est pour moi une absolue nécessité de peindre »

Les premiers pas…

J’ai toujours été « visuelle », le regard était très important pour moi. J’ai grandi dans une atmosphère chaleureuse sensible à l’art et à la musique.
Une de mes tantes, qui avait travaillé dans la publicité dans les années 1920, et son mari, m’ont initiée à ta peinture abstraite, à travers Soulages et De Staël, par exemple. Grâce à d’innombrables promenades, ils m’ont fait découvrir la richesse architecturale des quartiers parisiens et leurs musées.

Premiers cours…

Parallèlement à l’université d’Arts plastiques et d’Histoire de l’Art, j’ai fréquenté les cours du soir de la Ville de Paris.
J’y ai fait mes gammes et appris le métier, c’est à ce moment là que je me suis passionnée pour le croquis. Et depuis, pas un jour ne se passe sans que je dessine. L‘université, m’a permis de développer davantage un esprit d’analyse et d’ouverture.

Du croquis à la peinture…

Vers 25 ans, sous l’influence de peintres telles que Sonia Delaunay, Vieira da Silva, dont mes premières oeuvres s’inspiraient beaucoup, j’ai commencé à sentir que l’abstraction serait ma ligne de travail en peinture.
J’ai toujours été très admirative des femmes peintres et sculpteurs. Ce métier reste une trajectoire plus difficile à suivre quand on est une femme.
A la même époque, j’ai été éblouie par les croquis des voyages de Delacroix au Maroc et par ses écrits si sensibles et admiratifs de ce pays et de ses habitants.
Parmi mes nombreux guides, Matisse est sûrement l’artiste qui m’a le plus influencée.
« Les propos sur le dessin et la couleur » sont une de mes références quotidiennes. Son traitement magistral de la couleur et de l’espace, m’a permis de comprendre le fonctionnement même d’un tableau. Avec Rothko et Pollock j’ai perçu l’énergie vitale que pouvait diffuser une toile.

Photo de Frédérique Galey-Jacob

Premières expos…

La galerie du Haut-Pavé m’a permis d’exposer mon travail à plusieurs reprises. Dans ce lieu très cosmopolite, j’ai rencontré de nombreux artistes étrangers comme Satish Panchal, Anju Chaudhuri, au contact desquels je me suis confrontée et enrichie d’autres cultures. Grâce à eux, j’ai pu participer à des salons et expositions collectives, des portes ouvertes d’ateliers.
La galerie Odile Mauve, ayant remarqué et apprécié mon travail, m’a accueillie pendant une dizaine d’années.

La vie d’artiste…

En parallèle à mon travail de peintre, j’enseignais (et j’enseigne toujours) les arts plastiques au lycée et au collège. Je savais qu’il était difficile de vivre uniquement de sa peinture.
C’est, pour moi, une absolue nécessité que de peindre, alors je peins, le jour ou… La nuit. Le succès n’entre pas en ligne de compte, c’est vital pour moi de créer. Mon regard sur la vie est indissociable de mon oeuvre. Et… Il est certain que la peinture m’a permis à certains moments difficiles, et parfois tragiques de ma vie de surmonter beaucoup d’épreuves. Pendant ces périodes houleuses, la peinture était mon jardin secret, ce sans quoi je ne pouvais pas continuer à vivre. Pourtant, contrairement à certains artistes pour qui leur vie entre en scène et est mise en scène à travers leur oeuvre, mon travail n’a pas été directement lié aux bouleversements que j’ai traversés. C’est un monde parallèle influencé, certes, par mes sentiments et mes émotions mais de manière latentes. Ma peinture n’exprime pas de façon directe ce que je vis, et parfois les sentiments les plus sombres, passant par le prisme de la création, resurgissent éclatants, vibrants de couleurs et d’énergie sur la toile.
Mon travail d’artiste est plutôt un moyen d’échapper à certaines contingences. Je ne considère pas mon oeuvre comme un exutoire à mes problèmes. J’aime ouvrir de nouvelles portes au public qui vient voir mes oeuvres.
Si j’ai une idée assez précise de ce que je vais faire en commençant une oeuvre (avec des croquis le plus souvent), ma vision du projet est bousculée, tronquée, transformée pendant sa mise en forme, sa concrétisation. Les références au réel, au croquis s’estompent.
Peu à peu la toile, la gravure, le pastel trouvent leur langage propre. C’est un moment unique où l’oeuvre prend son envol et devient pour moi un véritable interlocuteur à part entière.

Entretien avec Frédérique Galey-Jacob, par Sonia Jacob

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